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« Vos enfants sont bien mal élevés » et autres pressions subies par les parents dans l’espace public

[Billet d’humeur]

 

C’était un vendredi. Une fin de semaine qui sentait la fatigue, le jet-lag du changement d’heure, la nuit qui tombe à 17h, les enfants excités d’être libérés de l’école, bref, un vendredi soir tout ce qu’il y a de plus normal dans le merveilleux monde des parents.

Un moment que vous aimeriez passer -a priori- n’importe où ailleurs que dans les transports publics, qui plus est si vous habitez, comme moi, une grande ville. Au hasard : sur un transat en bord de mer, dans un bar avec vos bestas, sur une peau de bête avec votre bien-aimé.e. Mais, la réalité de la vie nous rattrapant aussi vite qu’un troupeau d’enfants lancés au galop derrière un paquet de chips, il peut arriver que vous vous retrouviez, comme ça m’est arrivé, un vendredi soir dans un bus surpeuplé avec vos courses, 2 cartables trop lourds et autant d’enfants très en forme et incroyablement heureux de se retrouver -cela veut dire pour ceux qui ne visualiseraient pas encore : des enfants qui rient, se font des chatouilles et ne prennent pas spécialement la peine de chuchoter (existe-t-il vraiment des enfants qui chuchotent ?) malgré mes « doucement les enfants » répétés mais totalement inutiles -des enfants quoi.

Comment cette scène de la vie banale peut-elle devenir le sujet d’un article ? J’y viens. C’était sans compter sur l’intervention d’une charmante personne, qui, au moment où ma tribu et moi allions descendre du bus, m’a interpellée : « Vos enfants sont bien mal élevés Madame, et j’ai eu des enfants ! » -comme si cette dernière information lui offrait un statut lui permettant de définir les mauvais des bons parents, et de leur faire expressément savoir.

Remontrances sur l’éducation des enfants trop bruyants dans les bus. Regards exaspérés et longs soupirs si bébé chouine dans le train, ou pire, l’avion. Ne parlons même pas du restaurant, haut lieu de vulnérabilité parentale, devenu une telle problématique qu’il y a dorénavant des lieux estampillés « kids friendly » (comprenez : « enfant-compatible ») que les parents fréquentent afin d’être sûr de ne pas se faire (trop) engueuler par leur voisin de table quand Lucien commencera à fredonner le refrain de la souris verte pour la 6ème fois. Bref, les discriminations et pressions que subissent les parents dans l’espace public sont bien connues de tous : on pourrait presque dire qu’elles font partie du « package jeunes parents » avec les cernes et les tâches de purée sur les vêtements. 

Et pourtant. Ces pressions ne font qu’ajouter de la culpabilité parentale (spoiler n°1 : aucun père ni aucune mère n’aime entendre son enfant chouiner / pleurer / jouer des maracas en sentant bien fort les regards réprobateurs) en plus d’être totalement inutiles (spoiler n°2 : l’enfant n’est pas équipé, jusqu’à preuve du contraire, d’un bouton « on / off ») et totalement stupides (spoiler n°3 : devenir parent ne dispense pas de devoir aller faire ses courses ou prendre le train et l’enfant ayant moins d’autonomie qu’un iPhone 2, il accompagne, la plupart du temps et durant de nombreuses années, les activités parentales).

Mais la vie est parfois faite de bonne surprise (si, si). Car quelle fût ma satisfaction, avant même que j’ai pu rétorquer quoique ce soit à ma moralisatrice, d'entendre 3 femmes qui avaient vu la scène prendre la défense de la mère d’enfants dynamiques (notez, je ne dis plus « bruyants ») que je suis : « Mais non, elles sont adorables, vos filles, Madame ! » Sororité, ton nom je crie (mais pas dans le bus, promis).

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