Une plateforme téléphonique a été mise en place pour recevoir les témoignages de victime d’inceste et violences sexuelles. Ouverte depuis une semaine, elle croule déjà sous les appels.
La Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a lancé le 21 septembre 2021 une plateforme téléphonique pour recueillir la parole des victimes et de leurs proches : 2000 appels ont été enregistré en à peine une semaine. Arnaud Gallais est cofondateur du collectif Prévenir et Protéger et membre de la commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, n’est pas surpris par ce nombre :
« Systématiquement, des qu’il y a eu des appels à témoigner, les victimes, ça fait très longtemps qu’elles parlent ! On pouvait s’attendre à ce qu’il y ait malheureusement un « succès » de cette plateforme. On parle plutôt de libération de l’écouter que de libération de la parole. Jusqu’à présent, les victimes parlaient, et étaient confrontés à une société sourde et aveugle. L’idée est que la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles se saisisse dans les premiers travaux de cette écoute actuelle. On va s’appuyer sur ces témoignages. Pas uniquement sur les violences subies mais sur les conséquences. »
La priorité de la Commission est d'écouter les victimes et, en cas de besoin, de les orienter vers les services d'aide psychologique, sociale ou juridique. Le premier objectif de cet appel à témoignages est de connaître l'ampleur des violences sexuelles faites aux enfants, leurs mécanismes et leur impact sur les victimes, le second est de mieux prévenir les violences sexuelles faites aux enfants et d'améliorer la protection et l'accompagnement des victimes.
Parmi les personnes qui contactent la plateforme, on trouve des adultes qui vont raconter des faits de de violences sexuelles anciens, il y a les victimes actuelles, mais pas seulement, précise Arnaud Gallais :
« Nous avons d’autres personnes qui appellent, qui sont extrêmement importantes, qui sont des proches. L’enjeu, c’est de se dire que l’agresseur met en place un système où il n’y a en réalité pas une victime mais un ensemble de victimes. Ça c’est essentiel car ça permet d’isoler l’agresseur et non les victimes. On a aujourd’hui l’opportunité de témoigner aussi, y compris quand on a été proche. Les proches sont des co-victimes. »
Arnaud Gallais explique :
« Aujourd’hui, il y a la commission qui peut apporter une lecture globale. Mais il y a des choses qui peuvent être faites sur le terrain et pour lesquelles on n’a pas besoin d’attendre la commission. Par exemple, vous avez en France 29 lieux adaptés dans les commissariats pour entendre la parole de l’enfant : c’est trop peu ! Ce n’est pas la commission qui va régler cela, c’est le politique ! Il y a des problèmes d’accessibilité. On sait qu’il y a 4 fois plus de personnes en situation de handicap qui sont victimes de violences sexuelles : comment on les sensibilise ? Comment on rend l’information accessible ? Le gouvernement et les politiques ont déjà des informations par rapport à ça. Des choses fortes doivent être faites. »