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Retour à l'école et déconfinement : quels impacts psychologiques sur les enfants ?

Longues semaines de confinement, poids des mesures barrières, retour à l’école : comment aider nos enfants à tenir le coup psychologiquement ? 

Aline Nativel Id Hammou est psychologue clinicienne et auteure de La charge mentale des enfants, paru en janvier aux éditions Larousse. Elle nous aide à mieux comprendre comment les enfants ont traversé cette période de confinement et comment les aider à appréhender le retour à une vie plus active. 

Six semaines de confinement, un premier bilan 

Cela va sans dire, ces dernières semaines si particulières en confinement n’ont pas été sans conséquences pour la psychologie des enfants. Mais notre spécialiste se veut plutôt rassurante, mis à part des contextes particuliers de violences, de maltraitance ou de grande précarité, il ne s’agit pas selon elle d’un « traumatisme » :

« Je dirais plutôt qu’il s’agit d’une déstabilisation sur les aspects de la vie quotidienne en lien avec l’environnement extérieur de l’enfant. Il me semble que les enfants ont une capacité accrue d’adaptation et de relativisme, une pensée davantage positive et un ressenti d’agréabilité de cette situation de confinement que la grande majorité des adultes. De plus, ils ont un vécu de la temporalité très éloignée de celle de l’adulte. Ils vivent davantage au jour le jour sans une projection infinie et sont aussi plus créatifs dans les moyens de bien vivre le confinement. »

Bien vivre le retour à l’école 

C’est un sujet qui inquiète beaucoup les familles et le personnel éducatif : quel poids aura le protocole sanitaire qui encadre les écoles et les crèches sur le moral des enfants ? Ils ne vont pas retrouver l’apprentissage et l’environnement qu’ils ont connu avant la crise : 

« Certains enfants vont éventuellement mal vivre cette différence entre ce qu’ils ont vécu avant et ce qu’ils vont trouver aujourd’hui. Toutefois, beaucoup d’enfants ont conscience de ce qui se passe à cause du Covid-19 donc ils peuvent être aussi rassurés par cette configuration nouvelle respectant la prévention et adaptée à ce qu’ils entendent depuis déjà deux mois. »

Aline Nativel Id Hammou explique qu’il sera alors primordial de permettre aux enfants d’exprimer leur ressenti, afin de pouvoir l’alléger par la suite. Pour ce faire, il est important que les adultes ne soient pas dans une projection de leurs propres angoisses sur les enfants. Cela passe aussi par une valorisation des protocoles sanitaires afin que les enfants les perçoivent davantage comme une utilité qu’une obligation et une punition. Pour cela, la psychologue d’utiliser une communication très concrète :

« Il est bon de passer par un discours ludique, valorisant et positif sur les gestes barrières, rendre acteur votre enfant en inventant des rituels, des jeux, des chorégraphies, des outils comme une bouteille violette à paillettes pour le gel, des savons en forme d’animaux, des masques cousus avec eux et leurs héros préférés, un petit sac « anti-virus » confectionné avec lui, lui apprendre à nettoyer des surfaces. En somme, faite participer au maximum votre enfant pour qu’il s’approprie au mieux toute cette démarche de prévention sans lui faire ressentir qu’il a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »

Pour les enfants qui retournent à l’école, il est donc important d’être dans le réconfort, la réassurance et l’écoute. Par exemple, notre spécialiste conseille de laisser les enfants emporter un objet qui les rassure et de profiter des trajets pour communiquer, écouter des musiques apaisantes ou faire des exercices de respiration.  

Quel impact sur l’apprentissage ? 

Malheureusement, le protocole sanitaire et les mesures barrières peuvent altérer quelque peu les capacités de concentration et d’apprentissage des enfants : 

« Il me semble que cela sera éventuellement le cas pour certains élèves, car ils auront toujours dans un coin de leurs cerveaux « attention, ne touche pas, ne va pas trop près, pense à mettre ton masque, écarte-toi, non tu ne peux jouer à chat ni au ballon, lave-toi les mains tu as touché le stylo de Léonie ». En même temps, nous, les adultes, nous leur demandons de les garder précieusement en tête pour leur bien-être et celui d’autrui. »

Comme nous le précise Aline Nativel Id Hammou, cela dépendra de la gestion des protocoles par les équipes pédagogiques, et du caractère de chaque enfant. D’autre part, l’apprentissage qui aura été fait pendant le confinement, à la maison, aura aussi son importance. 

Et pour les enfants qui restent à la maison ? 

Beaucoup de parents font le choix de garder leurs enfants à la maison. Là aussi il est bon d’être dans une communication claire et simple : 

« Exprimez-vous le plus simplement possible, en expliquant que c’est un choix parental en lien avec une attitude de prévention à son égard et en osant souligner que cela vous rassure aussi. C’est une décision des adultes, mûrement réfléchie, et que tout sera optimisé pour son vécu à domicile. Affirmez aussi que vous souhaitez que sa rentrée de septembre 2020 se passe le plus sereinement possible autant pour lui que pour vous. Les parents peuvent aussi mettre en avant qu’ils veulent effectuer un geste solidaire en expliquant qu’il faut privilégier les enfants de soignants et d’autres corps de métier qui sont indispensables à notre bien-être collectif. »

Il est possible que l’enfant soit déçu de ne pas retourner à l’école, surtout s’il sait que quelques-uns de ses amis vont s’y retrouver. Dans ce cas, la psychologue conseille d’accueillir la frustration de l’enfant et de lui montrer que l’on comprend sa déception, il vaut mieux éviter de la minimiser voire de la faire taire.  

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