Alors qu’Édouard Philippe a annoncé une rentrée progressive pour les écoles maternelles, se posent beaucoup de questions sur la façon dont vont s’organiser les établissements pour assurer la classe malgré les mesures barrières. On en discute avec une directrice d’école.
Stéphanie Fouilhoux est directrice d’école maternelle à Saint-Denis (93) et déléguée du personnel au syndicat SNUIPP-FSU (93). Pendant le confinement, elle a gardé le lien avec ses propres élèves et leurs parents et fait l’école à distance. Mais s'est aussi portée volontaire pour diriger une école solidaire, ouverte aux enfants de soignants. Elle nous parle de la façon dont s’organise l’école malgré les mesures barrières et réagit aux récentes annonces du Premier Ministre.
Stéphanie Fouilhoux - Sur la ville de Saint-Denis, on a accueilli en moyenne 30 élèves par jour, maternelles et élémentaires confondues. Les groupes étaient composés de 5-6 élèves en maternelle et 10 en élémentaire. Ça a été très compliqué de mettre en place les gestes barrières. Au niveau de l’hygiène et de la désinfection c’est très long, pour les Atsem (NDLR : agent territorial spécialisé des écoles maternelles) c’est un travail monstrueux. Il y a des jouets dans la classe, quand les enfants les touchent il faut les mettre de côté pour qu’ils soient désinfectés deux fois par jour. Avec 6 élèves par classe c’est déjà compliqué.
Nous avons tous porté un masque mais c’est très compliqué. On enlève le masque pour se présenter à la porte de l’école et pour consoler les plus petits qui ont des gros chagrins dans la journée.
On essaie d’expliquer, mais ça touche quasiment à l’impossible. On essaie le plus possible de rendre les choses simples, mais elles ne le sont pas.
Pour l’instant nous n’avons aucune consigne, mais ça nous paraît très compliqué. 15 élèves par classe ça va être beaucoup plus rude. On se demande comment on va devoir choisir les enfants qui peuvent venir à l’école ou non, sur quels critères se baser. Pour l’instant tant qu’on n’a pas de feuille de route, ça nous paraît extrêmement prématuré, même si la réouverture des écoles est sûrement nécessaire pour une question de justice sociale. On le sait, il y a des enfants qui sont très éloignés de l’école depuis le début du confinement, mais on fait tout notre possible pour garder un lien.