Le docteur Alexandra Letourneau, gynécologue obstétricienne à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart (92), nous éclaire sur cet acte chirurgical.
Alexandra Letourneau - Il y a 3 types de situations :
Il y a 5 à 10 % de risques de fausses couches, ce qui n’est pas négligeable. Il y a également plus de risques de diabète gestationnel, de pré-éclampsie, de prématurité -pas loin de 100 % pour des triplés. C’est donc notre devoir d’informer les parents à ce sujet. Il y a aussi un impact psychologique important pour les parents, même s’il existe une étude qui montre, qu’à terme, les parents referaient la même chose.
Cela paraît compliqué de parler de « choix » dans ces circonstances, mais c’est pourtant ce qu’on est amené à faire. Nous rencontrons alors les couples une première fois à 9 semaines d’aménorrhées, pour cartographier en quelque sorte les embryons, leur nombre, ainsi que les poches.
S’il s’agit d’une grossesse, par exemple, avec 3 embryons qui ont chacun leur propre poche et leur placenta, nous reverrons le couple pour l’échographie du premier trimestre entre 11 et 12 semaines d’aménorrhées. À ce moment-là, nous ferons un premier examen morphologique des embryons. Si l’un des 3 présente une malformation visible, c’est préférentiellement ce dernier sur lequel on fera la réduction embryonnaire.
Dans le cas où aucun des 3 embryons ne présente d’anomalie, on pratiquera alors la réduction embryonnaire sur celui qui sera le plus accessible et pour lequel la technique sera la plus facile.
Après l’échographie du premier trimestre pour 2 raisons :
C’est une hospitalisation de jour, la maman arrive le matin et se retrouve dans une pièce dédiée, est anesthésiée localement et a un champ opératoire pour ne pas voir. Nous faisons alors une injection intracardiaque chez l’embryon avec un produit qui est du chlorure de potassium. Et, petit à petit, les embryons vont disparaître pour laisser toute la place à celui qui reste.
La réduction embryonnaire n’est pas quelque chose que l’on impose, nous faisons part des risques aux parents, mais s’ils souhaitent tout de même garder tous les bébés ils le peuvent et nous suivrons bien sûr la grossesse.
Nous effectuons un contrôle échographique 2 heures après l’intervention pour vérifier que le ou les embryons qui n’ont pas été réduits vont bien et que celui ou ceux qui ont été réduits n’ont plus d’activité cardiaque. Nous refaisons un contrôle une semaine après. Puis nous suivons d’un peu plus près ce genre de grossesse par rapport à d’autres.