François Vacherat, directeur général de la fondation Action enfance revient, pour LMDM, sur le système de prise en charge et de suivi des enfants placés.
François Vacherat - On compte environ 310 000 enfants confiés à l’ASE chaque année. Parmi eux, une bonne moitié est placée en foyer ou en famille d’accueil, pour les autres on prend des mesures d’assistance éducative à domicile directement. Tous les âges sont représentés parmi ces enfants, cela peut même commencer dès la naissance, quand la maman est mineure et elle-même une enfant placée.
Mais le système de statistiques en France n’est pas bien précis, ces données datent de 2016. Aujourd’hui je pense qu’on est plus proche des 320 ou 325 000 enfants étant donné l’évolution démographique et l’évolution de la société.
C’est le juge qui décide en fonction de la situation de chaque enfant et des disponibilités de chaque département. En France les placements sont plus ou moins diversifiés, on fait tout pour adapter la meilleure solution à chaque enfant. Notre force, dans la protection de l’enfance française, c’est la diversification d’accueil que l’on peut proposer.
Nous avons créé des villages d’enfants/d’ados, où nous accueillons même des fratries entières. Ces villages sont constitués de maisons complètement ordinaires qui peuvent accueillir jusqu’à 6 enfants, accompagnés par 4 éducateurs 365 jours par an. Il y a là une action éducative au quotidien : ils font les courses ensemble, ils cuisinent, prennent leurs repas, font du sport etc.
Oui c’est très important de pouvoir garder ses frères et sœurs avec soi quand on est placé, déjà pour le soutien et pour plus tard aussi, ça créé des liens. Le lien fraternel est donc au cœur de notre travail pour qu’ils puissent s’épauler à l’âge adulte.
La responsabilité du département, tombe aux 18 ans de l’enfant. Nous, grâce aux dons que nous avons au sein d’Action enfance, nous avons créé un service pour les accompagner après leur majorité : Action +. C’est un accompagnement inconditionnel, tant qu’ils ont encore besoin de nous. On les aide à s’insérer dans la vie sociale et professionnelle.
Ces villages peuvent être une solution long terme où l’on garde l’enfant jusqu’au bout. Mais ça peut aussi être une solution court terme car nous effectuons un travail de retour en famille quand c’est possible. On recréé un lien avec les parents, qui peuvent obtenir un droit de visite dans le village. Au fur et à mesure que la relation évolue les enfants peuvent aller chez leurs parents le temps d’un week-end, pendant les vacances… Le juge peut également décider de ce qu’on appelle un placement à domicile, où l’éducateur vient au domicile des parents s’occuper de l’enfant.