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Pénurie de sages-femmes : patientes et nouveau-nés en danger cet été

Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes tire la sonnette d’alarme : à l’approche de l’été, de nombreuses maternités rencontrent d’immenses difficultés à recruter des sages-femmes. Conséquences : les effectifs réduits ne permettent plus de garantir la sécurité des patientes. 

Les conditions d’exercices du métier de sage-femme sont de plus en plus dénoncées par les sages-femmes elles-mêmes : manque de reconnaissance, salaire faible comparé à la longueur des études, horaires complexes, charge de travail énorme, manque d’effectifs… Aujourd’hui, elles sont nombreuses à quitter les maternités. Mais à l’approche de l’été, la situation est de plus en plus critique. Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes alarme dans un communiqué paru ce 6 juillet 2021 :

« À l’approche de l’été, période sensible en raison des congés estivaux, les sages-femmes nouvellement diplômées permettent en général d’assurer la continuité des activités dans les établissements. 

Cette année, pour la première fois, ces dernières ne sont pas assez nombreuses pour prendre la relève dans les maternités, préférant s’orienter vers l’exercice libéral. Les contrats précaires, la faible rémunération et le sous-effectif permanent -source majeure d’insécurité à la fois pour les soignants et les patients- en sont les principales causes.

En effet, les jeunes sages-femmes enchaînent les contrats à durée déterminée très précaires, rémunérés sur la base d’anciennes grilles salariales désavantageuses et sont rarement titularisées. Parallèlement, les sages-femmes en poste, déçues par les accords du Ségur qui ne leur a apporté ni reconnaissance, ni évolution notable, sont lassées de leurs conditions d’exercice et des promesses non tenues. »

Adrien Gantois, sage-femme et président du Collège Nationale des Sages-Femmes interviewé début 2020 par La Maison des Maternelles à propos de la crise que connait son métier, expliquait déjà :

« Quand vous avez fait ce métier par envie de prendre en charge comme il se doit la naissance, et que vous arrivez dans un système qui méprise au quotidien tout votre travail, évidemment vous partez. Il manque une réelle volonté politique. »

Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes conclut dans son communiqué :

« Désormais, le déficit sans précédent d’attractivité des maternités révèle un enjeu de santé publique majeur : sans réaction des pouvoirs publics, le mouvement de fuite des sages-femmes des maternités se poursuivra et s’amplifiera, fragilisant encore un système périnatal déjà précaire. »

Le Conseil national appelle les pouvoirs publics à se saisir en urgence de cette question afin « d’améliorer l’attractivité du métier et de garantir la qualité et la sécurité de la prise en charge. Sans réaction des autorités, l’été 2021 pourrait être dramatique. »