Dr Brunet, pédiatre à Issy-les-Moulineaux, livre à LMDM ses conseils pour que votre enfant apprécie ses repas et apprenne à manger de tout.
Dominique Brunet - Si certains enfants sont très contents de découvrir de nouveaux aliments lors de la diversification alimentaire, pour d’autres, ce n’est parfois pas le bon moment. Cela peut s’expliquer par l’arrivée d’autre changements dans sa vie, comme l’entrée en crèche. Le bébé n’est alors pas disponible pour de nouvelles découvertes.
Mieux vaut privilégier le bon moment et laisser jouer l’enfant avec la cuillère avant de manger par exemple ou le laisser nous regarder manger pour qu’il apprivoise cette nouveauté. On peut aussi s’interroger sur son propre rapport à la nourriture en tant qu’adulte mais aussi en tant qu’enfant. Quoiqu’il arrive, il faut se rassurer, la plupart des refus alimentaires passent. Ce qui est important c’est de voir s’il y a un retentissement sur l’enfant : il ne grossit plus, ne grandit plus… Auquel cas il faut aller consulter votre pédiatre.
Parfois il faut s’interroger sur l’environnement : Y a-t-il eu un changement à la maison ? L’annonce d’une grossesse ? Si les parents ne sont pas comme d’habitude l’enfant va le ressentir. Quoiqu’il en soit, il ne faut jamais forcer un enfant. On n’y gagne jamais. C’est même contre-productif : plus l’enfant voit qu’il a un pouvoir sur nous, plus le problème est renforcé. Il faut que les 2 parents se mettent d’accord. Vous pouvez voir s’il y en a un avec qui ça fonctionne mieux. Ensuite il y a quelques astuces : proposer un repas au calme, sans télévision, avec une jolie assiette pour mettre le bébé en appétit.
Oui, trop de bruit empêche les enfants de se concentrer sur leur repas. Certains enfants ne mangent pas très bien car ils sont très vifs, toujours prêts à regarder partout. Ils ont un tel goût de vivre que leur sensation de faim est un peu effacée par toutes leurs émotions. D’où l’intérêt du dîner dans une pièce calme, sans télévision, de leur donner un rythme, de ne pas les obliger à rester trop longtemps à table (20 à 30 minutes maximum). Le repas doit être un moment social durant lequel on parle, on échange. On n’est pas là que pour se nourrir, se remplir. Il faut donner cette idée-là aux enfants pour qu’ils y prennent goût, qu’ils aient envie de manger. Si le repas est associé au plaisir, les aliments le seront aussi.
Surtout, on se détend, il n’y a pas d’urgence à passer aux morceaux. On peut essayer les croûtons de pain, les petites pâtes très cuites, jouer sur les textures entre mixé et morceaux, en écrasant avec la fourchette, et y aller progressivement. La DME (diversification alimentaire menée par l’enfant) peut aussi être une bonne idée avec des bâtons de carottes un peu cuites. Il ne faut pas commencer trop tôt. L’enfant ne doit pas être couché, ni semi allongé sur son transat. Il doit pouvoir se tenir assis sur sa chaise haute. Donc pas avant 6-7 mois. Et cela demande une vraie vigilance. On ne peut pas laisser son enfant avec son bâtonnet de carotte (même un peu cuite) pour aller surveiller la soupe dans la cuisine. [NDLR : demandez l'avis de votre pédiatre avant de débuter une DME].
Si on connaît les aliments qu’il aime pourquoi ne pas lui préparer d’emblée ? On peut mettre un petit peu de ce qu’il aime avec des aliments qu’il ne connaît pas. Cela lui donnera envie de goûter. Et les parents seront rassurés car il aura un peu mangé. Mais je déconseille de préparer un nouveau repas. Ce n’est pas à l’enfant de décider du menu.
L’alimentation est un item qu’on aborde systématiquement dans les consultations chez le pédiatre. À 6 mois, on verra s’il accepte les légumes, à 9 mois s’il accepte les morceaux. Si l’enfant ne grossit pas, ne grandit pas, s’il a des dégoûts, on verra s’il y a un souci psy, lié à l’environnement ou à un trouble de l’oralité. Mais, il faut que les parents se rassurent. Dans la majorité des cas, ce n’est pas grave.