Le professeur Philippe Duverger, pédopsychiatre et chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHU d’Angers, répond à vos questions sur le handicap.
Philippe Duverger - C’est une situation assez classique. Il faut alors accepter l’idée que l’on puisse, à un moment donné, détester son frère ou sa sœur. Cela ne veut pas dire que c’est bien mais il faut l’accepter sans culpabilité. Il s’agit de ne pas culpabiliser le frère ou la sœur d’avoir des sentiments de détestation et de ras-le-bol. Sinon on fait un handicapé et un coupable. Il faut accepter qu’il y ait des rivalités, et c’est même un signe de bonne santé. Je dirais que ce sont le silence et l’exclusion qui sont des comportements plus inquiétants.
Il faut aborder la sexualité avec les questions qui viennent. Il faut également éviter de répondre à des questions que les ados ne se posent pas. Je crois qu’il ne faut pas souffrir à leur place, répondre à tout à leur place. Il ne faut pas tout anticiper et plutôt les accompagner en faisant avec leurs questions et leur situation particulière. La sexualité de jeunes qui ont un handicap est particulière mais elle doit se vivre, donc il faut en parler.
Je ne suis pas sûr qu’il faille imposer. On n'impose pas un enfant. Pour autant il faut suivre son désir. Et s’il a envie de participer à ses activités, il faut l’accompagner : Quel type de sport ? Avec qui ? Comment ? J’ai l’exemple d’un jeune que je voyais qui, dans un premier temps, a pu faire de l’escrime avec des valides. C’est ensuite devenu compliqué. Aujourd’hui il est en handisport et a un très, très haut niveau international. Donc ça a commencé avec les valides et ça a continué ensuite. Il faut donc suivre le désir de l’enfant et voir comment ça se passe mais ne pas imposer à tout prix. Faisons confiance aux enfants pour trouver des stratégies et des astuces même si leurs choix peuvent surprendre. C’est comme cela aussi qu’ils auront confiance en eux.
Il faut que les parents acceptent l’idée qu’il faut vivre dans le « ici » et le « maintenant » et dans les bons moments avec leur enfant. Il ne faut pas toujours être dans l’anticipation de ce que cela va devenir : Que va-t-il se passer après ? Comment va-t-il faire sa scolarité ? Il faut envisager avec l’enfant, il ne faut pas dévisager. Il faut continuer à rêver et ne pas scruter tous les détails. Sinon on s’enferme dans le handicap.