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Dans les écoles, le personnel en situation "de grand épuisement"

Protocoles sanitaires complexes, nécessité de s'adapter sans cesse, manque de personnel, de moyens : les personnels des écoles sont sous tension.

Amaia Bernard est directrice d’une école maternelle à Bobigny (93) et représentante du personnel pour le syndicat SG-SE-Unsa. La crise du Covid-19 a rendu la situation pour la directrice d’école et ses collègues complexe. Elle témoigne :

« La situation est tendue dans les écoles en ce moment. Notamment avec des emplois du temps de direction d’école qui changent tous les jours, suite à des alertes des familles et de cas de Covid-19 confirmés chez les enfants. Et encore plus depuis que le protocole sanitaire a évolué depuis vendredi dernier (les classes ferment dès 1 enfant contaminé, NDLR) »

Des professeurs inquiets

Le personnel des écoles est fatigué, il est inquiet aussi. Les professeurs des écoles, notamment en maternelle où les enfants ne portent pas de masque, craignent les contaminations :

« Nous sommes en situation de grand épuisement du côté de la profession. Ce besoin de toujours s’adapter au jour le jour est vraiment épuisant, les directeurs sont à bout. Fermer une classe, c’est beaucoup de travail. C’est appeler les familles, leur expliquer ce qu’il se passe, leur expliquer le protocole, les tests etc. Et le cœur du métier, le pédagogique, est énormément mis à mal. 

Il y a des collègues qui sont testés positifs et qui sont inquiets de venir à l’école le matin. Même si les gestes barrières sont respectés, ils ont peur. Aussi en maternelle les enfants ne sont pas masqués. Ça serait impossible de faire autrement mais il y a quand même cette crainte supplémentaire. »

Des écoles désertées

La directrice évoque également les grandes difficultés de recrutement rencontrées, notamment pour remplacer les absences :

« Il y a beaucoup de collègues malades de la Covid-19 et qui ne sont pas remplacés. Leurs élèves doivent être accueillis à l’école si les parents ne peuvent les garder chez eux, et là il y a de nouveau du brassage, et le risque de contamination est donc plus important. L’école doit accueillir l’enfant, que le prof soit remplacé ou non. La plupart des familles sont coopératives mais toutes ne peuvent pas, même avec la meilleure volonté du monde, garder leur enfant à la maison ! »

Une alerte sociale déposée 

Avec le syndicat SG-SE-Unsa, la directrice et d’autres personnels des écoles ont déposé une alerte sociale auprès de la direction académique :

« Nous demandons à ce que les personnels soient mieux protégés, notamment en maternelle où les enfants ne sont pas masqués. On veut être équipés de masques FFP2. Qu’il y ait un recrutement urgent pour remplacer le personnel absent. On se retrouve avec des écoles désertées, c’est très difficile. C’est par ailleurs complétement contradictoire avec le discours du ministère qui prône la continuité pédagogique, avec laquelle on est d’accord, mais sans professeur : c’est compliqué ! »