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Confinement : "Les parents ne peuvent pas être tout à la fois"

Pour les parents comme pour les enfants, les mesures de confinement entrainent une toute nouvelle organisation qui peut s’avérer stressante pour toute la famille. 

Aline Nativel Id Hammou est psychologue clinicienne et auteure du livre La charge mentale des enfants, publié aux Éditions Larousse. Elle nous livre ses conseils pour vivre cette période le plus sereinement possible. 

Le vécu des enfants dépend de l’organisation générale 

C’est en grande partie l’organisation du foyer qui jouera un rôle sur la façon dont les enfants vont vivre ce confinement. Notre spécialiste nous liste 6 manières dont les enfant peuvent vivre la situation actuelle :

  1. Punition : l'organisation est trop stricte, rigide et calculée heure par heure, les nouveaux codes doivent être intégrés d’une façon obligatoire et sans explications.
  2. Plaisir : organisation souple, plus légère que le quotidien normal, adaptée aux centres d’intérêts de l’enfant, avec plus de temps de partage entre les membres de la famille.
  3. Frustrante : pas de sortie extérieure, aucun contact avec les proches et les amis, trop basée sur l’approche scolaire, peu de disponibilité de la part des adultes.
  4. Ennuyante : présence d’un vide et d’un manque d’accompagnement ou de présence des adultes, proches, amis, remplacé excessivement par la télévision ou les nouvelles technologies.
  5. Découverte : nouvel emploi du temps, activités au sein de la maison avec ses proches, du métier des parents s’ils sont en télétravail, nouvelle autonomie.
  6. Reposante : le temps n’a plus autant d’emprise sur leurs vies, plus de temps de relaxation, de sieste, moins de temps d’éducation cognitive, moins de contraintes rigides sur l’hygiène, l’habillage.

 

Bien entendu, la vie de famille n'est pas linéaire ! Il peut arriver que d'une journée à l'autre, la perception des enfants change.

La situation que nous vivons est sans précédent, alors ne culpabilisez pas si une journée a été plus difficile, tout le monde apprend au jour le jour à gérer cette période de confinement. L'essentiel est de trouver l'équilibre qui convient à tous, et d'en parler en famille.

Revoir ses exigences d’un point de vue scolaire 

Ne pas être trop exigent sur la partie scolaire est primordial autant pour les enfants que pour les adultes. Évidemment, il est important d’assurer la continuité pédagogique, mais il faut du temps pour que chacun s’adapte à ce nouveau mode de pédagogie : 

« La partie scolaire est importante et non négociable, néanmoins, les parents peuvent se trouver en difficulté selon le niveau scolaire de l'enfant, le nombre d’enfant à gérer, les documents à disposition. Il faut garder en tête que son enfant doit faire ses travaux, ses cours, ses devoirs. Toutefois, l’emploi du temps peut exister sous une forme et un fond plus détendu, moins codifié. »

Et n’ayez pas peur que l’enfant ne veuille plus retourner à l’école ou à la crèche quand il le pourra : 

« La plupart des enfants seront très heureux de retrouver l’extérieur, des amis, des proches, d’autres adultes de référence et même de retrouver l’école. Être ensemble en famille peut faire beaucoup de bien, néanmoins, cela fait partie du développement de l’enfant de trouver d’autres sources d’épanouissement en dehors de ses parents et/ou de sa fratrie. »

Organiser son temps 

Il est important de définir des horaires, d’avoir une vraie séparation entre le week-end et la semaine. Aline Nativel Ib Hammou insiste sur l’importance de rester ancré dans une « réalité temporelle », car avec le confinement, on peut facilement oublier des dates importantes, comme les anniversaires par exemple. 

Faire un planning de la semaine est une bonne chose, mais il faut qu’il soit fait en famille, qu’il soit un repère mais qu’on ne se mette pas de pression supplémentaire pour le respecter à tout prix.`

Il peut être bon aussi de s’autoriser des temps de pause, d’ennui, sans règles à suivre, voire d’instaurer des temps de sieste pour tous si c’est possible. 

On peut aussi mettre en place un temps sportif dans la journée, que l'on fera en intérieur ou extérieur selon ses possibilités, aidé éventuellement avec une vidéo.

S’organiser est donc une bonne chose, mais rester souple... aussi ! : 

« Vous pouvez être un peu moins stricte sur l’heure du coucher, sur l’habillage... Il vaut mieux ne rien imposer et faire des propositions. Seul le travail scolaire reste obligatoire. »

Déculpabilisation et solidarité familiale 

  • Parents : rassurez-vous !

« Les parents ne peuvent pas être tout à la fois : l’enseignant, le professionnel de santé, le coach sportif à domicile, le professeur de musique, le copain absent, l’assistante maternelle et le professionnel disponible en télétravail. C’est simplement un parent qui s’adapte et qui se fait confiance, tout comme à l’enfant. »

Essayez de ne pas associer le confinement à une corvée. À l’ennui du stress et des obligations, on préférera se concentrer sur le plaisir à vivre ensemble : « C’est un cocon et non une prison familiale ! ».

Les parents qui se sentent dépassés ne doivent pas hésiter à consulter des professionnels, des psychologues ou des experts en parentalité. La plupart d’entre eux sont toujours disponible en téléconsultation. 

  • L'importance de la communication 

On communique en famille, on parle de son ressenti, de la façon dont chacun vit cette période : 

« Il est bon de faire un point famille tous les deux jours sur la vie en confinement à domicile : émotions, vécus, changements à effectuer, valorisation des actions. Il faut reconnaître les émotions et les ressentis de son enfant comme la frustration, colère, tristesse de ne pas sortir, aller au foot, voir ses amis… il y a une validation des émotions chez l’enfant et aussi chez l’adulte.»

  • Chacun met la main à la pâte ! 

Cuisine, rangement, ménage de printemps, tri des jouets et des vêtements, promenade de l’animal domestique : on se partage les tâches le plus possible et on fait les choses ensemble. Ce sont aussi des activités qui sortent les enfants de leur travail scolaire et qui leur permet de s’impliquer dans l’organisation du foyer. C’est aussi du temps en moins passé devant les écrans, car même si l’on peut être plus indulgent, il faut faire attention à cela.

Quand on a une fratrie, on favorise l’entraide et la solidarité : ce n’est pas l’aîné qui porte tout, mais le plus jeune doit aussi faire des tâches adaptées à son âge.