Dr Benoît Bayle, psychiatre, répond à nos questions.
Dr Benoît Bayle : Avant tout, la phobie d’impulsion c’est le fait d’avoir peur de faire mal à son bébé -ou à soi-même, ou quelqu’un qu’on aime. C’est un symptôme qui existe dans diverses situations mais qui peut subvenir après la naissance. La maman a alors peur d’actes violents sur son bébé comme le poignarder, l’étrangler, l’agresser sexuellement : des choses extrêmement effrayantes qui vont faire très peur. Ce qu’il faut bien comprendre dans la phobie d’impulsion, c’est que la maman ne va pas passer à l’acte car elle a précisément peur de commettre cet acte. Elle aime son bébé et elle a peur de lui faire du mal, elle n’a pas du tout de désir de lui faire du mal.
Effectivement la phobie d’impulsion est un symptôme de trouble obsessionnel compulsif. On y retrouve les 4 temps du TOC :
Cela peut toucher les papas, même si c’est moins connu et décrit.
Premier conseil : on peut baisser son niveau de stress avec des exercices de cohérence cardiaque, 3 fois par jour pendant 5 minutes, et ça va déjà avoir une action au niveau physiologique pour lutter contre les facteurs de stress.
Après bien sûr il faut faire appel à des professionnels. Pour soigner une phobie d’impulsion, la pratique de choix c’est la TCC (thérapie cognitivo comportementale) dans laquelle on va faire des exercices d’exposition aux obsessions. Exemple : faire l’effort d’être devant un couteau qui déclenche une angoisse liée à l’obsession, faire l’effort de ne pas le ranger, et petit à petit l’angoisse va décroître. Vous allez voir que vous n’avez rien fait avec le couteau, c’est rassurant ! Moi j’utilise une autre méthode qui a aussi de très bons résultats : l’intention paradoxale. On va faire l’effort de rechercher ce qui nous fait peur et le souhaiter, mais ce n’est qu’une intention, pas une action bien sûr, tout ça accompagné d’un professionnel. Je m’explique : le toc est comme un petit diable sur l’épaule qui veut nous terroriser et nous faire croire des choses fausses (« attention à ce couteau, tu pourrais faire du mal à ton bébé, range-le ! »). La personne en a marre de ce petit diable qui la terrorise et va donc trouver une ruse : faire croire au petit diable qu’elle veut vraiment faire ce qui lui fait peur, comme si elle lui répondait : « pas question de ranger ce couteau, j’ai vraiment envie de faire du mal à mon bébé ! ». Ça peut paraître épouvantable, mais du coup le diable – désarçonné - ne sait plus trop quoi répondre ! Le souhait paradoxal va en fait bloquer l’angoisse. Et enfin, les médicaments peuvent trouver leur place dans ce soin (ceux habituellement utilisés dans la dépression).