Béatrice Copper Royer est psychologue clinicienne et psychothérapeute, auteure de « Le jour où les enfants s’en vont » aux éditions Albin Michel. Elle répond à nos questions.
Béatrice Copper Royer : Sandrine est un peu l’exemple de la mère qui a élevé essentiellement seule son enfant, un enfant unique. Il y a un investissement affectif massif sur cet enfant. Quand il part, le sentiment de vide est abyssal, et peut créer chez certaines mères des émotions extrêmement douloureuses, avec un sentiment d’inutilité, de ne pas savoir quoi faire du temps qui s’est libéré. Ce qui domine, c’est ce sentiment d’inutilité. Tous les repères sautent. La vie qui était rythmée par celle de l’enfant -il rentre, il sort, on rempli le frigidaire, etc- tout ça disparaît, il faut trouver autre chose.
C’est une très bonne question car effectivement, pour l’enfant qui sent que son départ va plonger son parent dans une détresse énorme, c’est extrêmement culpabilisant. Ça peut lui donner le sentiment que c’est une mauvaise personne, qu’il n’est pas reconnaissant de tout ce qu’on a fait pour lui. C’est assez lourd. Le meilleur service qu’on puisse rendre à ses enfants, c’est de leur montrer qu’on est content qu’ils se soient éloignés, qu’on a le sentiment du travail accompli, que c’est légitime. Si c'est difficile, il faut essayer d’aller en parler à quelqu’un, pour éviter de balancer sur le dos de son enfant tout son chagrin, qui est sûrement légitime et renvoie à d’autres séparations qui ont été douloureuses.
Tout dépend de si l’enfant est en demande ! Si ça rassure et l’une, et l’autre, il n’y a pas de quoi s’en priver. En revanche, il faut éviter que ça soit trop ritualisé. Le parent, le jour où l’enfant ne va pas répondre car il sera occupé ailleurs, risque d'être complètement affolé. C’est le seul bémol.