LMDP a sélectionné plusieurs questions de parents et d’ados sur le racisme et interrogé la professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, spécialiste de psychiatrie transculturelle, Marie-Rose Moro, pour leur répondre.
Professeure Marie-Rose Moro - Il faut en parler. Il ne faut pas punir car sinon on va sur le registre de la morale quasiment : ce que tu fais est mal. Il faut donc en parler avec son enfant et que la copine puisse venir. Si ce n’est pas aujourd’hui ce sera demain. C’est-à-dire qu’il faut rentrer dans une explicitation, un débat, une négociation. Car cette réaction est étonnante : d’où vient l’idée à cette enfant qu’un autre ne peut pas être son ami, ou ne pourrait pas aller chez lui parce qu’il est noir ? Parce qu’entre 6 et 10 ans les enfants n’aiment pas la différence. Après les ados vont la revendiquer. Mais les enfants n’aiment pas car ils sont dans une phase de construction et ils recherchent quelque chose qui leur ressemble. C’est une sorte de nécessité pour se construire.
Tous les accents, et la caricature sont des ressorts de l’humour. Mais c’est désagréable. Il faut donc expliquer à son enfant que cela ne se fait pas car ça ridiculise, ça met l’autre dans une position où l’on se moque de lui. Et se moquer de quelqu’un alors que l’on est tous pareil va le mettre dans une position difficile et le blesser. Donc on n’a pas le droit de blesser quelqu’un. Et l’on aimerait pas non plus que l’on se moque de nous avec notre accent.
Certains parents adoptants qui ont une couleur différente de peau de leur enfant vont avoir tendance à nier la différence. Mais les enfants savent que ce n’est pas vrai car ça se voit, ça se perçoit. Ce qui se passe en plus c’est que dans ces cas-là nos parents ne peuvent pas nous aider ou anticiper. Il faut donc dans ces cas-là que les enfants discutent avec leurs parents. Et leur faire savoir, si c’est le cas, que l’on est victime parfois de discrimination. Il vaut mieux donc le reconnaître, apprendre à vivre avec et éduquer les autres.
On a écrit des livres dans lesquels il y a des héros qui représentent la mixité. Malheureusement ce sont toujours des livres engagés. On va aller chercher une personnalité engagée pour faire ce livre. Mais l’idéal serait une banalisation qui correspondrait à la réalité et que l’on puisse voir un certains nombres de personnages dans les histoires.