Ecologie, féminisme, lutte contre la précarité... De nombreux enfants sont aujourd'hui engagés sur des sujets de société. Comment les accompagner ?
Aurélie Pennel est est coach, conférencière et co-auteure de « Trop bon, trop con ? La gentillesse n'a pas dit son dernier mot » aux éditions Eyrolles. Elle répond à nos questions.
Aurélie Pennel : On est au-delà de l’empathie, on est dans la compassion. La personne qui compatit est celle qui se connecte à l’autre sur une longue période et qui ressent tellement la souffrance qu’elle est poussée à agir pour y remédier, faisant sien le problème d’autrui. Ethel agit pour une cause qui lui semble importante et c’est une bonne chose : elle pourrait se dire qu’elle ne peut rien faire, que ça ne sert à rien, que la cause est perdue. Mais, non elle fait un autre choix, bravo à elle ! Cela renvoie aussi aux rôles de ses parents : en projetant une image favorable et en croyant en sa capacité d’action, ils lui donnent l’autorisation et la force d’agir/
La première interrogation qui me vient est la suivante : ce grand frère narquois est-il vraiment un grand consommateur qui ne comprend pas les enjeux écologiques de notre époque ou y a-t-il autre chose ? Aurait-il par exemple besoin d'attention, nourrirait-il un sentiment de jalousie à l’égard de son cadet ? Qu’est-ce qui se joue dans la fratrie, dans la famille ? Une célèbre théorie décrit les « jeux psychologiques » qui se mettent parfois en musique dans les relations interpersonnelles au sein des groupes et des familles : c’est le triangle de Karpman. Les rapports s’articulent autour des 3 rôles suivants :
Attention, aucun de ces rôles n’est meilleur que l’autre. Tout le monde est pris au piège inconsciemment et la situation est inconfortable pour tous. Les rôles ne sont pas fixes et, aussi surprenant que cela puisse paraître, un gentil peut très bien occuper la place du bourreau ! Pour rompre le cercle vicieux du triangle de Karpman, il suffit de briser la chaîne et de refuser d’endosser le rôle : sans victime il n’y a plus de persécuteur ni de sauveur, et vice versa. Dans cette situation, peut-être pouvez-vous expliquer calmement et sans animosité à votre aîné que vous respectez ses convictions et que vous attendez de lui qu’il respecte celles des autres, notamment de son frère, quand bien même il ne les partagerait pas.
Quand je vois le nombre de parents qui se plaignent d’avoir un ado qui ne fait rien et ne pense qu’à lui ou se perd dans les jeux vidéo, j’ai envie de saluer l’engagement de ce jeune homme… Pour autant, je comprends parfaitement la peur des parents de le voir s’engager tout entier dans une cause au détriment par exemple de sa scolarité. Si vous n’entendez pas l’engagement de votre adolescent, il y a fort à parier qu’il ne vous écoutera pas. Pour comprendre votre enfant et renforcer les liens qui vous unissent, peut-être pouvez-vous commencer par vous intéresser sincèrement à son engagement, à ses objectifs, aux raisons qui le motivent… Ensuite seulement, quand vous aurez réalisé l’importance que cela représente pour lui et surtout quand vous aurez nourri la relation, vous pourrez expliquer votre inquiétude et chercher un compromis satisfaisant pour toutes les parties.