La maison des Maternelles
Bipolarité : « Mon fils de 5 ans avait envie de mourir »
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La première fois que Marion se rend chez un spécialiste, son fils a 2 ans. Théo est alors très colérique et se met dans des états qui laissent ses parents impuissants. Plus l’enfant grandit et plus les crises sont impressionnantes. Sa mère le compare alors à « un volcan qui explose ». Mais les crises de violences de son fils s’accompagnent également d’intenses dépressions :
« Il a commencé à avoir envie de mourir. Il a fait une première tentative de suicide à 5 ans en voulant sauter par la fenêtre. Plus on avançait dans le temps, plus les crises se sont accentuées. J’avais vraiment du mal à le maitriser. »
Marion va alors frapper à la porte de nombreux spécialistes pour essayer de trouver de l’aide. Mais personne ne l’éclaire sur les maux dont souffre Théo :
« Les spécialistes se renvoyaient la balle, car ça pouvait être plein de troubles à cet âge. Je faisais des recherches tous les soirs sur internet pour tenter de comprendre entre deux crises. Nous avons mis 10 ans à comprendre ce qui arrivait à notre fils. Ce qui est très long quand on le vit au quotidien. »
À 12 ans, tout bascule
C’est donc quand Théo arrive au collège, à 12 ans, qu’un élément va accélerer la découverte de ses troubles comme le rapporte sa mère :
« Théo avait des difficultés en mathématiques et son prof s’est amusé à le faire aller au tableau pour l’humilier. Ce qui l’a paralysé. Le stress que ça a engendré a fait qu’il ne voulait plus aller au collège et il s’est effondré. »
Tout s’accélère alors : le temps des crises, leur intensité, et la violence et la souffrance de Théo. Marion témoigne :
« Les crises pouvaient durer entre 1 heure et 4 heures. Dans ces moments-là, on est concentré sur une seule chose : qu’il ne se blesse pas et qu’il ne meure pas. Lors de ces crises, il appelait au secours par rapport à sa souffrance. On avait peur que les policiers finissent par débarquer, croyant qu’on brutalisait notre fils. Il se détestait, il se trouvait moche. On enchaînait les rendez-vous chez des spécialistes… »
Des mots sur les troubles
Cet épisode aigu va mener le jeune garçon jusqu’à l’hospitalisation :
« Théo était enfermé dans la salle de bain et ne voulait pas sortir, et j’entendais des bruits étranges pendant sa crise. Il avait du mal à respirer. Quand le SAMU est arrivé, ils ont dû se mettre à 4 pour le contenir. Il a été hospitalisé 1 semaine. Théo présentait bien à l’extérieur, ils l’ont trouvé un peu dépressif et ils l’ont laissé sortir. »
Après de longues heures de recherches sur le web, Marion tombe sur l’association Bicycle. Cette-dernière la met en contact avec l'Association du Centre des Troubles Anxieux et de l'Humeur pour la Recherche (CTAH). Elle rencontre alors une spécialiste qui a posé un diagnostic sur les troubles de Théo qui est diagnostiqué cyclothymique et bipolaire avec une hypersensibilité et une hyper-anxiété.
Le soulagement est de taille pour la mère de Théo qui va enfin pouvoir trouver des clés pour aider son fils :
« Tout d’abord j’ai été seule à des séances de psychoéducation. Là on m’expliquait comment faire pour désamorcer les crises. On m’a appris à intervenir avant que la crise se déclenche, repérer cet élément, que ce soit un problème émotionnel ou une frustration. On apprend à anticiper pour limiter les effets de surprise. »
Un retour à la scolarité
Puis c’est au tour de Théo de se rendre aux séances :
« On y apprend à faire face à la maladie en duo, à être un tandem. En plus de ce suivi, on lui a prescrit de la mélatonine puis de la Depakine, car il avait des phases où il ne dormait pas. Il pouvait faire des pompes jusqu’à 3 heures du matin. Il a aussi du lithium pour combattre les phases d’angoisse. Depuis, on réadapte son traitement en fonction de l’intensité de la pathologie et à son rythme. »
Le diagnostic posé, les séances et le traitement commencés, Théo vit une véritable transformation comme en témoigne sa maman :
« Il traverse son adolescence de façon plus sereine. C’est un garçon d’une finesse incroyable, il a beaucoup d’humour et est plein de vie. Il était déscolarisé depuis l’âge de 12 ans. Et depuis peu, il est dans une école alternative avec des élèves en petit groupe. Il y va tous les jours, prend les transports, il est à nouveau en relation avec les autres, et surtout il a retrouvé le sourire et le rire ! Cette année il est même délégué de sa classe. »
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