Trouver sa place dans la famille, nouer des liens, ce n’est pas toujours facile pour le beau-parent et les enfants.
Que l'on ait ou non soi-même des enfants, il peut être difficile de trouver sa place auprès des enfants de son.sa conjoint.e.
Élever ses enfants dans une famille recomposée n'est pas aisé. Le nouveau couple peut parfois avoir des différences dans ses méthodes d’éducation. Le risque si le nouveau couple n’accorde pas sa façon d’éduquer, est de se retrouver avec un foyer scindé en deux. Au lieu de former une famille, chaque parent contribue à isoler sa cellule familiale.
Il est donc important de prendre conscience que la situation n’est déjà pas simple pour les enfants. La recomposition demande du temps et quelques concessions. L’essentiel est que chacun trouve sa place dans la famille.
Un enfant peut se sentir mal à l’aise vis à vis d'un nouvel adulte avec qui il doit vivre. Pour Nicole Prieur, philosophe et thérapeute familiale, cela peut parfois poser problème :
« Quand ça se passe mal, c’est une question de loyauté envers son parent, ou quand le beau-père ou la belle-mère fait des différences entre les enfants. Dans ce cas l’enfant va se révolter et cela peut engendrer des différends dans la quasi fratrie ou la fratrie recomposée. »
Selon les cas de figure, les gardes alternées peuvent provoquer des inégalités chez l’enfant. Par exemple, un nouvel enfant va être à plein temps avec les parents et ne voir ses demis ou quasi-frères et sœurs qu’un week-end sur deux. Ces inégalités peuvent faire souffrir les enfants.
Les questions financières peuvent également être un poids :
« L’argent peut intervenir à ce moment-là : quand les parents privilégient financièrement leur enfant biologique. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, il peut y avoir des différences de traitement (payer les études, aider l’enfant à s’installer…) même si tout au long de la vie on a traité les enfants de la même manière. Les choix se font dans l’ordre de la filiation mais pas forcément consciemment. Les liens d’argent peuvent biaiser les liens de cœur. Le lien amical peut aussi se dégrader entre les enfants qui deviennent jeunes adultes quand ils ont été traités différemment sur le plan financier. »
Enfin, les beaux-parents intègrent la nécessité de traiter tous les enfants de la même façon. Mais il faut donner à son enfant naturel des signes pour lui montrer qu’on le considère différemment des autres. Pour notre spécialiste, il suffit de rassurer l’enfant avec des moments exclusifs :
« Par exemple, ça peut être passer une journée avec lui. Le lien parent-enfant biologique va être rassurant quand le parent arrive à faire des choses avec lui de façon privilégiée, de petits signes, un lien spécifique. »
Ruth a 29 ans. Elle ne s'imaginait pas rencontrer un homme ayant déjà un enfant :
« Lorsque j'ai rencontré Adrien, il m'a parlé tout de suite de son fils, Liam. Quand c'est devenu sérieux entre nous, il m'a demandé si je voulais le rencontrer. Je ne m'étais jamais projetée en tant que belle-mère, j'avais beaucoup d'appréhension. Je ne connaissais rien aux enfants, j'avais peur de mal faire, que Liam me rejette. Je voulais être présente pour eux mais sans prendre la place de la mère de Liam. Finalement, nous y sommes allés tout doucement. On a passé d'abord quelques après-midi ensemble, puis des week-ends entiers, et maintenant des vacances. Liam semble m'avoir accepté, même si je me pose encore beaucoup de questions sur mon rôle, sur ce que je devrais faire ou non. »
Car trouver sa place auprès d'un jeune enfant lorsqu'on n'est pas parent soi-même peut réveiller diverses angoisses : peur de mal faire auprès de l'enfant, peur d'être trop présent ou au contraire, pas assez, peur d'être rejetté.e par l'enfant... Voici quelques conseils :
Y allez progressivement et au rythme de l'enfant
La place du beau-parent
L'éducation de l'enfant
Communiquer avec l'enfant