C’est l’enquête choc du collectif #Noustoutes. Le mouvement féministe révèle les résultats d’un appel à témoignage sur le consentement. Parmi les résultats, un constat alarmant : 9 femmes sur 10 disent avoir subi une pression pour avoir des relations sexuelles.
En février, le mouvement féministe #Noustoutes décide de lancer une vaste enquête anonyme sur le consentement dans les rapports hétérosexuels, disponible en ligne durant 10 jours via les réseaux sociaux et par e-mail. C’est la première fois qu’une enquête sur ce sujet est menée en France.
Au total, 100 000 personnes y ont répondu dont 96 600 femmes âgées de 15 à 75 ans. Près des ¾ des participantes sont âgées de moins de 35 ans.
D’une durée de 11 minutes, l’enquête était composée de 30 questions parmi lesquelles :
La totalité des questions sont à retrouver en intégralité dans les résultats de l’enquête sur le consentement dans les rapports sexuels de #Noustoutes.
Après la large participation à cet appel à témoignage du collectif, les chiffres sont sans appel : parmi les répondantes, 9 femmes sur 10 déclarent avoir fait l’expérience d’une pression pour avoir un rapport sexuel. Et dans 88% des cas, c’est arrivé plusieurs fois. Un chiffre impressionnant mais qui « n’a pas étonné les militantes » selon Caroline de Haas, militante féministe du mouvement #Noustoutes.
C’est l’un des nombreux renseignements concernant le non consentement de cette enquête : 49,1% des répondantes déclarent avoir déjà entendu des remarques dévalorisantes sur le fait qu’elles n’aient pas envie d’avoir de rapports sexuels. Dans 83,3% des cas, c’est arrivé́ “plusieurs fois, la plupart du temps ou à̀ chaque fois”. Seules 14,9% déclarent que c’est arrivé́ une seule fois.
Parmi les insultes les plus fréquentes répertoriées : « Franchement, la prochaine fois j'irais voir ailleurs. Tu es frigide ! » ; « Tu n’es pas normale », « Il faudrait que tu maigrisses un peu, je ne suis pas attiré » ou encore « Ça ne me dérange pas qu’on ne couche pas ensemble mais je risque de finir par te quitter si ne fait pas l’amour », « Tu ne m’aimes plus si tu n’en as pas envie ».
Des propos choquants qu’une bonne moitié des femmes ont révélé avoir entendu.
Plus d’une répondante sur deux (53,2%) déclare avoir fait l’expérience avec un ou plusieurs partenaires d’un rapport sexuel avec pénétration non consenti. Et 15,2% des répondantes disent qu’il est arrivé au moins une fois qu’un partenaire agisse de la sorte durant leur sommeil.
Selon la loi française, tout acte de pénétration sexuelle commis avec violence, contrainte, menace ou surprise constitue un viol. Ces chiffres révèlent un véritable problème dans la société.
Un autre constat alarmant selon le collectif et les résultats de cette étude. C’est le non-respect de ses propres envies afin de satisfaire l’autre.
Ainsi, 70% d’entre des femmes interrogées, disent avoir eu l’impression d’avoir des rapports sexuels sans pression du partenaire alors qu’elles n’avaient pas envies.
Cette auto-contrainte est visible dans les justifications des sondées : « Pour lui faire plaisir », « Parce que ça faisait longtemps », « Pour ne pas avoir à justifier que je n’en ai pas envie ».
Elles sont aussi 19,7% à avoir ressentis une pression pour un rapport sexuel pendant la grossesse alors qu’elles n’avaient pas envie et 26,7 % après l’accouchement.
La publication de cette enquête a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. De nombreuses internautes parlent d’une véritable prise de conscience de leurs situations face aux questions du sondage.
Le collectif #Noustoutes donnent quelques conseils pour des relations consenties : « S’il y a le moindre doute, on demande ! » ou encore « Réfléchir en permanence à ce que veut l’autre » ; « On peut reconnaître que le fait d’être ensemble n’implique pas automatiquement le fait d’avoir des rapports sexuels. »
S’appuyant sur ces résultats, le collectif demande à présent des actions concrètes. Ainsi, elles demandent au gouvernement une enquête représentative « pour mesurer à quel point c’est un problème ».
Le mouvement reformule aussi la création d’un module obligatoire dans la scolarité sur la question du respect et sur la prévention des violences sexistes et sexuelles. Car cette enquête sur les réseaux sociaux le prouve : il y a un devoir d’éducation de la société à mettre en place. Et cela, dès le plus jeune âge.