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La maison des Maternelles1er trimestre de grossesse : le lourd silence qui pèse sur les femmes
4 min 37 s
Disponible jusqu'au 19/01/2038
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Enfin. Voilà ce que je me suis dit quand j’ai lu le titre du nouveau livre de Judith Aquien : Trois mois sous silence, le tabou de la condition des femmes en début de grossesse. Enfin, on va s’emparer de ce sujet. Enfin, on va chercher à comprendre pourquoi, pendant 3 mois, la condition des femmes est tue, alors même qu'elles vivent des bouleversements inouïs. Enfin, peut-être, on va cesser de considérer cela comme normal.
Judith, pourquoi avoir écrit ce livre ?
Ce livre, je l’ai écrit pour sortir du tabou des premiers mois de la grossesse, pendant lesquels il y a une convenance sociale où il ne faut rien annoncer, car c’est une période à risque. Sauf que c’est aussi une période très difficile à vivre, avec des symptômes éprouvants. Et, à la faveur de ce silence, rien ne s’organise pour les femmes, aussi bien au niveau RH, que médical ou psychologique. On informe très mal les femmes sur leurs symptômes. Il n’y a que très peu de traitements qui existent pour atténuer les ditssymptômes, qui sont vécus dans une solitude énorme.
Que pensez-vous de la prise en charge des fausses-couches ?
Quand les fausses couches ont lieu, les femmes et les couples sont dans une prise en charge quasi inexistante, froide, clinique. On banalise leur expérience sans la leur expliquer. On dit toujours que la fausse couche est banale, au lieu de dire qu’elle est fréquente. Banal, ça ne l’est en aucun cas ! Au moment où la fausse couche arrive, c’est extrêmement difficile, c’est un deuil. Un deuil qui est souvent doublé d’un sentiment de culpabilité. On n’explique pas aux femmes qu’elles n’y sont pour rien. Il y a parfois un discours sous-jacent qui les culpabilise et amène les femmes à se sentir honteuse, au-delà de leur deuil.
L’absence de prise en charge, c’est pour moi un manque de volonté du côté de l’État. Il faut allouer des fonds aux hôpitaux publics. Mais manifestement, ce n’est pas le moment, puisque même en pleine pandémie des lits sont encore supprimés… Au sein des écoles de médecine, de sages-femmes etc., il faut que les professionnels soient formés, à savoir quoi dire dans les cas de fausse couche, à savoir accompagner, sans balancer un comprimé à la figure en laissant aux femmes le soin d’évacuer seule leur embryon dans leurs toilettes sans la moindre aide psychologique derrière.
Comment expliquer qu’il y ait un tabou encore si grand autour des fausses couches, alors même qu’elles concernent 1 grossesse sur 5 ?
C’est la question du corps des femmes. C’est très difficile de parler du corps des femmes en dehors de ses attentes et injonctions marketing. On commence à peine à parler des règles, de la ménopause, du clitoris qui est apparu magiquement dans les livres scolaires, grâce à MeToo on commence aussi à peine à trouver que les violences sexuelles sont un problème de société… La fausse couche se trouve dans cette catégorie du génital. C’est génital et donc c’est tabou, par défaut. Par ailleurs, c’est un événement invisible car la grossesse ne se voit pas encore. Toute cette chaine d’invisibilité concourt encore plus à l’invisibilisation. On attend des femmes que leur contribution soit utile. Une fausse couche sanctionne une grossesse qui manifestement est considérée comme inutile. C’est évacué de cette manière-là, aussi par les discours médicaux.
La difficulté des femmes vient aussi du fait qu’elles ont l’impression de ne pas avoir accompli le destin de leur corps. Si j’ai envie d’un bébé, et que je ne sais pas mener cette grossesse à terme, qu’est-ce que ça dit de moi ? Les femmes ressentent de la honte. Une honte alimentée par ces représentations impossibles de la femme et par ce discours qui les culpabilise sans les informer, de ce à quoi une fausse couche est due. Une fausse couche n’est en aucun cas due à une action mal menée de la femme, ou à un non-désir non exprimé d’enfant. Le vocabulaire est extraordinairement méchant : on dit aux femmes qu’elles « font » des fausses-couches, alors qu’elles les subissent.
Le livre est aussi né de votre expérience personnelle ?
Oui. C’est une expérience personnelle qui rejoint une expérience collective. J’ai vécu 2 grossesses, dont une fausse couche. Au moment où j’ai traversé cette fausse couche, j’ai été terrassée de voir que j’étais « prise en charge » dans le même service que d’autres femmes enceinte jusqu’aux yeux, prête à accoucher. J’avais vraiment le sentiment -qui est recoupé par énormément de témoignages- d’être la looseuse.
Comment avez-vous vécu votre seconde grossesse ?
Pendant le premier trimestre, j’ai eu énormément de symptômes plus que carabinés, dont je n’avais jamais entendu parler. Et pour cause, car quand on lit les livres de références sur la grossesse -entre parenthèses, tous signés par des hommes, c’est toujours rigolo…- les symptômes sont édulcorés. On parle des « petits maux de la grossesse » alors qu’on vit un truc qui est surnaturel, qui est extrêmement difficile à vivre. On travaille en plus pendant ce temps, et comme personne n’est au courant de ce qu’on vit, on doit se débrouiller totalement seule. N’étant pas visiblement enceinte, on n’a même pas la caution de notre ventre rond qui nous autorise quelques droits, une forme de sollicitude de la part de la société, et donc on est seules. À devoir se cacher dans les toilettes du bureau pour vomir ou même faire des siestes. Je trouve que c’est une honte absolue de devoir considérer que les femmes doivent faire avec !
Selon vous, comment améliorer ces conditions pour les femmes ?
Les RH doivent organiser les choses, notamment le télétravail pour que les femmes puissent poursuivre le travail mais dans des conditions dignes : aller vomir dans leurs toilettes, faire une power-nap dans leur lit, et pas sur la cuvette des toilettes du bureau ! Pour les femmes qui ne travaillent pas dans un bureau (profs, personnels de santé, de ménage, de la petite enfance, qui travaillent dans l'artisanat, etc.), elles doivent pouvoir bénéficier d'aménagements de leur emploi du temps sans que leur poste ni leur salaire soient mis en danger. Par ailleurs, la médecine doit faire des recherches pour pallier ces symptômes, qui ne sont en aucun cas des « petits bobos » ou « petits tracas » ou petits quoi que ce soit !
« Petit tracas » « Petit bobo » ou « Petits maux de grossesse » : que pensez-vous justement de ce vocabulaire ?
Ce vocabulaire bêtifiant amène à traiter les femmes comme des enfants, à atténuer ce qu’elles vivent, à leur dicter qu’elles s’écoutent sans doute trop, qu’elles sont douillettes, à les traiter comme des petites filles. Ce vocabulaire paternaliste qui amène à la plus grande indifférence doit cesser.
Vous évoquez aussi le certificat de grossesse, donné après la première échographie…
Oui, c’est vraiment la cerise sur le gâteau. À la fin du premier trimestre, donc à l’échographie, on m’a donné mon certificat de grossesse, comme un diplôme. Alors que jamais de ma vie, mon corps ne s’était autant manifesté à moi que pendant ces 3 premiers mois de grossesse, et que je n’étais pas moins enceinte qu’après l’échographie. On est enceintes pendant 9 mois, et pas pendant 6. Il faudrait que les instantes qui sont censées nous protéger, à commencer par les instances de la santé publique, en tienne compte.
Vous parlez d’un « enfer psychologique et physique » : pouvez-vous nous expliquer ?
J’ai beaucoup entendu dire que si les femmes savaient, elles ne s’y mettraient plus. Qu’est-ce que c’est que cette façon de penser ? Déjà, c’est faux. C’est une manière, une fois de plus, d’être paternaliste à notre égard. Bien sûr qu’il faut informer les femmes, ça permet d’être éclairée et de ne pas être dans la solitude.
L’enfer psychologique, c’est déjà la peur de perdre l’embryon, ou qu’il y ait des anomalies chromosomiques.
L’enfer, c’est aussi qu’on ne nous explique jamais ce qu’il se passe au niveau physiologique. On se réfugie dans des pensées magiques très culpabilisantes, largement alimentées par ce que la psychanalyse nous sert de plus absurde et de plus misogyne et qui amène beaucoup de femmes à croire -y compris chez les médecins, ce qui est dingue- que leurs vomissements sont peut-être une manifestation d’un rejet hystérique de l’enfant à venir, que peut-être la fausse couche est la manifestation d’un non désir d’enfant, que par ailleurs leurs symptômes ne sont pas si graves… Donc une manière de mettre du côté du psycho ce qui est purement physio. Et surtout, c’est faux. La fausse couche n’est en aucun cas liée à une question psychologique. Les vomissements non plus. Ce sont des choses hormonales, qui viennent d'un corps qui assimile les informations qui lui arrivent en trombe.
85% des femmes connaissent des nausées et vomissements, dont parfois insupportables, qui peuvent même les conduire à l’hôpital. Plus d’un tiers des femmes traversent des troubles narcoleptiques qui sont invivables, avec une fatigue qui ne se résorbe jamais. Cela peut aussi conduire à la dépression. Cet enfer physique et psychologique est très fort, et je trouve délirant que les femmes -la moitié de la population- soient si mal considérées. Le traitement des femmes lors de ce premier trimestre de grossesse est symptomatique du traitement misogyne générale que la société nous réserve.
Selon vous, les femmes devraient sortir de ce silence ?
Loin de moi l’idée de formuler une nouvelle injonction : les gens font ce qu’ils veulent. S’ils n’ont pas envie de parler de la grossesse, libre à eux. La question en revanche est celle de la société. Il faut que la société soit prête, et ce n’est pas le cas. La société converge pour que les femmes se taisent. Il y a aussi de grandes discriminations au travail. Beaucoup de femmes disent que l’annonce de leur grossesse s’est assortie de discrimination au travail, de discours atroce de la part de leur manager. C’est scandaleux, et ça devrait être bien mieux prévenu et réprimé.
Ce silence est aussi lié à ce que la société attend du corps des femmes, et aux représentations idéalisées de la maternité ?
Oui. Il y a une silenciation qui est liée aussi à ce que la société réserve aux corps des femmes. C’est à-dire que ces trois premiers mois sont extrêmement triviaux, organiques. On est en plein dans le réel du corps. Or, ce que la société attend du corps féminin -lisez Mona Chollet- est que ce corps soit beau, jeune, et fabrique des enfants. Le « comment » n’a aucun intérêt. Personne ne veut entendre parler de vomi, de sang, etc… La norme de ce qui est attendu conduit les femmes à taire ce qui les traverse. Et puis, les femmes sont réduites au silence car quand elles disent qu’elles ont mal, on leur répond qu’elles sont chiantes, qu’elles en font des caisses, qu’elles s’écoutent trop… à force d’entendre ça, on préfère éviter d’être humiliée. Cela crée une solitude immense, qui laisse un trou béant en matière de prise en charge.
On n’est pas dans le glamour des représentations, qui mettent une pression folle aux femmes. La représentation de la sacro-sainte maternité, de la femme immédiatement heureuse, sans ambiguïté… Alors que le corps est soumis à rude épreuve, ce qui est évincé du récit collectif. Le récit collectif veut voir une mère heureuse avec son enfant. Bien sûr que quand on le désire, on est heureuse d’attendre un enfant. Mais c’est un bonheur qui n’est pas exempt d’ambiguïté, et cette ambiguïté est belle. C’est intéressant, aussi, d’être dans un moment où ce n’est pas si simple. Car en fait, être parent ce n’est pas si simple non plus !
Trois mois sous silence, le tabou de la condition des femmes en début de grossesse, aux éditions Payot, sortie le 12 mai, 16€.