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L’impact des violences éducatives sur les enfants

Fessée, punition, humiliation… Toutes ces violences peuvent avoir de lourdes conséquences sur les enfants. Entretien avec le Dr Salmona, psychiatre.

Les progrès des recherches en neurosciences ont montré que les violences éducatives avaient un impact sur l’enfant et sur son avenir. Dr Muriel Salmona, psychiatre et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie explique :

« Le cerveau des enfants commence à mûrir entre 5 et 7 ans. Il le devient complètement à 25 ans. On ne peut donc pas dire qu’un enfant fait un caprice puisque l’enfant ne peut pas gérer ses émotions. C’est la raison pour laquelle le cerveau des enfants est beaucoup plus vulnérable au stress. La violence va générer un stress qui secrète de la cortisol, l’hormone du stress. »

Selon la spécialiste, les VEO provoquent un petit traumatisme dans la mémoire traumatique de l’enfant. Lorsque l’enfant reçoit des coups ou entends des cris, ce dernier va se bloquer. Il entre en état de sidération. L’enfant est alors déconnecté émotionnellement de la réalité, pour échapper au stress de la situation.

Cette mémoire traumatique a enregistré le traumatisme et a des conséquences multiples :

  • incapacité à réagir aux ordres,
  • impression d’indifférence,
  • développement d’une mémoire traumatique pouvant entraîner à la fois panique, phobies, troubles de la concentration, agressivité

Le docteur Salmona souligne à ce propos que :

« Le parent perçoit parfois cette déconnexion comme le fait que l'enfant est hagard, et il recommence de plus belle… C’est un véritable cercle vicieux ! En effet, les parents n’ont pas les codes pour comprendre que cet état de sidération n’est pas une provocation de l’enfant. »

Mais pour la psychiatre, rien n’est irréversible. L'experte se veut rassurante pour les parents :

« Il n’est jamais trop tard pour adopter une éducation bienveillante et pour ne plus tolérer ces types de violences dans l’éducation des enfants ! »

Que répondre alors, aux adultes qui disent : « J’ai reçu des fessées étant petit, et ça ne m’a pas traumatisé ! ». Le Dr Salmona explique :

« Quand bien même une tape ou une gifle n'aurait pas de conséquences sur une personne, en aucun cas cela ne justifierait de l'avoir donnée. L'absence supposée de conséquences n'est pas un argument pour ne pas qualifier un acte de violent, l'intention suffit »

Affirmer son autorité de parent tout en bannissant toute forme de violence n'est pas forcément simple. Face à des colères répétées et des crises, certains parents peuvent se retrouver démunis.

Il est important de rappeler que si un parent se sent en difficulté, il faut demander de l’aide : à un proche, aux grands-parents. Si cela n’est pas possible, il existe aussi les PMI, les psychologues. Il faut savoir reconnaître que l’on a besoin d’aide afin de prévenir un éventuel burn-out ou geste que l’on pourrait regretter.

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